Burnout : les nouvelles recommandations cliniques de la HAS aux médecins
La HAS – Haute Autorité de Santé – vient de publier un mémo destiné aux médecins généralistes et aux médecins du travail, concernant le repérage et la prise en charge clinique du syndrome d’épuisement professionnel ou « burnout ».
Parce qu’en première ligne, les généralistes et les médecins du travail sont les « cibles professionnelles prioritaires » de ce mémo, bien que les psychologues et psychiatres soient également concernés.
Uniquement centré sur le volet clinique du thème du burnout, l’idée directrice est d’inviter les professionnels de santé à « faire le lien entre le diagnostic individuel et les facteurs de risque inhérents aux situations de travail ». Voici les points clés de ce mémo :
Le contexte actuel :
Parmi la population active en France, la souffrance psychique en lien avec le travail constitue « le deuxième groupe d’affection », derrière les affections de l’appareil locomoteur. En terme de dynamique, le constat est encore plus préoccupant, l’évolution des conditions de travail est « associée à une prévalence croissante des facteurs de risque psychosociaux » affectant à la fois la santé physique et mentale.
Les classifications:
Les deux classifications cliniques de référence, la CIM-10 et le DSM-5, ne considèrent pas le burnout comme une maladie. Ce syndrome est affilié aux « situations non spécifiques » désignées par des termes tels que « souffrance au travail » ou « effets du stress lié au travail ».
La définition de la HAS :
La HAS cite ensuite les travaux de Christina Maslach, pour appréhender le burnout comme un processus de dégradation du rapport subjectif au travail à travers trois dimensions :
> l’épuisement émotionnel,
> le cynisme vis-à-vis du travail ou la dépersonnalisation (déshumanisation, indifférence),
> la diminution de l’accomplissement personnel au travail ou réduction de l’efficacité professionnelle.
Les manifestations cliniques
L’analyse des conditions de travail, à partir d’une démarche structurée, coordonnée par un médecin du travail avec l’appui de l’équipe pluridisciplinaire (ergonome, psychologue du travail, etc.), peut s’appuyer sur les six catégories de facteurs de risque psychosociaux suivantes (tirées du rapport d’expertise Gollac – cliquez ici pour le télécharger) :
> Intensité et organisation du travail (surcharge de travail, imprécision des missions, objectifs irréalistes, etc.) ;
> Exigences émotionnelles importantes avec confrontation à la souffrance, à la mort, dissonance émotionnelle ;
> Autonomie et marge de manœuvre ;
> Relations dans le travail (conflits interpersonnels, manque de soutien du collectif de travail, management délétère, etc.) ;
> Conflits de valeurs ;
> Insécurité de l’emploi.
Le mémo de la HAS développe tout un paragraphe concernant une population spécifique à risque, les soignants.
Le repérage :
La HAS propose deux axes pour le repérage des troubles liés au syndrome d’épuisement professionnel : individuel ou collectif. Concernant le repérage individuel, outre les outils dévaluation ( comme le Copenhagen Burnout Inventory (CBI)), la HAS propose de s’appuyer sur « un faisceau d’arguments » : manifestations cliniques, conditions de travail, facteurs de susceptibilité individuelle. Il est rappelé que le déni du travailleur peut entraîner un retard de prise en charge.
Le repérage collectif concerne un ensemble de signaux liés au fonctionnement de la structure : absentéisme ou présentéisme, turn-over fréquent, mouvements du personnel, qualité de l’activité et des relations sociales,… ainsi que la santé et la sécurité des travailleurs : accidents du travail, maladies professionnelles, visites médicales spontanées, inaptitudes, …
Prise en charge et acteurs :
La HAS insiste sur la nécessité d’un arrêt de travail modulable quant à sa durée, le médecin coordonnant les soins en adressant :
> A un psychiatre pour un diagnostic (avec prescription possible d’antidépresseurs);
> Et/ou à un psychologue pour une prise en charge non médicamenteuse fondée sur des interventions psychothérapeutiques ou psychocorporelles.
Accompagnement et retour au travail :
La HAS met l’accent sur la préparation nécessaire du retour au travail, avec une visite de pré-reprise avec le médecin du travail. Cette ou ces visites peuvent donner lieu à des recommandations pour adapter le poste de travail, voire des pistes de reclassement ou des formations professionnelles en vue d’une réorientation.